Entre 1980 et 2010 près de 1,5 million d’emplois industriel ont disparu. Cette destruction systématique et brutale de l’emploi, en comparaison des richesses créées, exprime à la fois la crise systémique du capitalisme et la recherche, sans bornes, de grains de productivité considérables.
Les annonces de restructurations et de délocalisations s’accompagnent de licenciements massifs et de fermetures d’entreprises. Pour faire accepter l’inacceptable, les directions invoquent successivement la crise financière, les impératifs de compétitivité, la concurrence internationale pour accréditer l’idée que ces choix seraient inéluctables, fatals, que le sacrifice de quelques uns permettrait de sauver l’emploi des autres. Pourtant, il n’y a aucune fatalité à ces destructions massives. Elles ont leur cause dans la volonté patronale d’accroître les profits pour les actionnaires. Dans sa course folle aux profits, le capitalisme est devenu un système destructeur de millions de vies, de potentiels industriels, agricoles et naturels.
Pour une réappropriation collective de l’outil de production
Les usines sont à nous
Les stratégies mises en œuvre par les groupes agroalimentaires et la grande distribution sème le chômage, la misère et la faim par les licenciements, les restructurations et les délocalisations, la surexploitation des salariés, qui perdent leur vie à la gagner, la surexploitation des ressources naturelles, la dégradation de l’environnement et la mise en cause de la biodiversité…
Peut on laisser un secteur vital pour l’Homme, comme l’alimentation, aux mains d’intérêts privés, dont la recherche d’un niveau de rentabilité financière de 15 à 20 % a des conséquences dramatiques sur la vie des gens ? L’avenir ce sont les salariés. Ce sont les seuls à pouvoir représenter les intérêts de la Nation. Les intérêts immédiats des salariés, l’emploi, les salaires, leur santé et leurs conditions de travail, une alimentation saine et équilibrée, accessible à tous, rejoignent ceux de l’immense majorité de la population, expriment également ceux de la nation. Ils ont des convergences objectives avec la grande majorité des petits et moyens agriculteurs qui subissent la loi des industriels agroalimentaires et de la grande distribution.
Au contraire du carcan à la pense unique et déclame sur tous les tons la vérité révélée de la mondialisation, la concurrence entre salariés et capitaux comme naturelle et incontournable, la question de l’appropriation des moyens de production est au cœur de nombreuses luttes pour la défense de l’emploi et du potentiel industriel agroalimentaire national.
Le caractère privé des groupes engendre une exploitation féroce des salariés dans une course aux profits et aux dividendes pour les actionnaires.
Cette logique est en contradiction avec l’investissement et le développement du potentiel industriel, avec les évolutions techniques et de nouvelles découvertes annihilées parce que jugées non rentables. La qualité des produits et leur contrôle, enjeu de santé publique, ne peuvent être laissés entre les mains d’intérêts égoïstes.
Si le capital combat avec autant d’énergie les droits des comités d’entreprises et l’intervention démocratique des salariés, c’est parce qu’il craint les propositions des salariés et qu’il veut les contraindre à négocier sur ses seules bases, les plans dits « sociaux ».
A l’appropriation de quelques uns des richesses nationales et à leur bradage, on doit répondre par la primauté des intérêts des salariés et du pays. L’appropriation collective des moyens de production pour sauvegarder l’emploi industriel et la souveraineté alimentaire nationale est au cœur de nos combats.
Les grandes entreprises stratégiques doivent être nationalisées de façon démocratique en donnant le pouvoir de décision aux travailleurs. La propriété capitaliste entre en opposition frontale avec le processus de socialisation croissante de l’économie dû aux avancées scientifiques et technologiques, à la complexité et aux interdépendances multiples, à l’engagement public de plus en plus prégnant, comme on le voit par exemple en matière d’exonération de cotisations sociales ou d’aides fiscales diverses. Les grandes entreprises bloquent les évolutions exigées par l’humanité.
Les salariés doivent s’approprier les moyens de production pour garantir une alimentation saine et équilibrée. Ainsi seront assurées la défense du potentiel agricole et alimentaire national, notre souveraineté alimentaire pour garantir l’indépendance du pays.
Les agriculteurs, les consommateurs et les élus locaux doivent y contribuer. Une véritable nationalisation exige une intervention autogestionnaire des salariés pour imposer des critères d’efficacité économique et sociale pour la satisfaction des besoins, pour créer les conditions d’une croissance nouvelle ayant pour finalité le développement et l’épanouissement de la population.
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Ancien lien : https://www.cgt-aura.org/spip.php?article1219